Pose-toi aussi la question du répertoire.
Un instrument, c'est un instrument (quelle puissance de déduction tautologique !), c'est-à-dire un outil.
Un outil pour jouer quoi?
Selon qu'on va étudier le piano, le violon, la guitare, le saxo, l'usage qu'on en fera, une fois qu'on saura en jouer, sera très différent.
La guitare se joue seule, ou pour accompagner des chansons. De la guitare en orchestre ou en musique de chambre, rien, ou si peu.
Le saxo, c'est le jazz, ou les ensembles de saxo (mais le répertoire est mince, surtout des transcriptions, ou des musiques de musiciens de second ordre : il n'y a pas 40 sonates pour saxo de Prokofiev, Ravel, Bartok ou Beethoven...)
Le piano, il a l'avantage de pouvoir être joué seul ou en musique de chambre. En orchestre, sauf à être soliste, très rarement.
Mais le répertoire est immense : celui qui déclarerait "je n'aime que Bach et Debussy", avant d'avoir joué tout ce qu'ont composé ces deux seuls compositeurs, il a déjà du pain sur la planche.
En musique de chambre (duos, trios etc.), les pianistes, on en a toujours besoin.
Le clavecin, ça vous limite (à peu s'en faut) au répertoire baroque et classique.
Le violon : vaste répertoire de sonates, de concertos, de musique de chambre (on a toujours besoin de violonistes), et d'orchestre.
Alto, moins de répertoire, mais on en a toujours besoin (ils sont très recherchés) en orchestre et en musique de chambre (quatuors à cordes).
Violoncelle : grand répertoire aussi, recherché en orchestre et musique de chambre.
Vents : situations très inégales selon les instruments.
Flûte traversière: on secoue un arbre, il en tombe plus de flûtes que de feuilles en automne. Tout le monde fait de la flûte. On se condamne donc à jouer seul, ce qui est peu gratifiant. Quand à chaque fois qu'on demande à jouer dans un ensemble, orchestre (amateur comme pro), on vous répond "si vous voulez bien être 128ème sur la liste d'attente...
Clarinette : il y en a beaucoup, mais c'est "moins pire que la flûte". Répertoire intéressant, pas énorme, mais que de chefs-d'oeuvre !
Basson : ah, voilà un instrument "utile" : quand vous êtes bassoniste, vous jouez ce que vous voulez, quand vous voulez, avec qui vous voulez, ce sont les autres qui viennent vous chercher.
On en dira de même du cor.
Trompette : répertoire plus limité, orchestre symphonique (et encore, pas dans toutes les oeuvres, loin de là) uniquement, pas de répertoire de sonate et de musique de chambre.
Trombone : idem. Mais ils sont un peu plus recherchés.
Hautbois : assez nombreux, répertoire plus limité, mais pas pléthore comme les flûtes quand même.
Bon, j'arrête l'énumération.
Je parle là "à long terme", car éffectivement, quand on est gamine, on peut commencer par un instrument, et on passera à un autre après.
Certains instruments sont inaccessibles aux enfants : il faut une certaine taille, une musculature des lèvres...
On peut commencer donc par les instruments à clavier, le piano principalement, qui en outre offre l'avantage de développer l'oreille harmonique (entendre plusieurs voix).
La flûte à bec est accessible aux bambins, ça peut être un début, de toutes façons, on en a vite fait le tour (les baroqueux vont me tirer dessus à boulets rouges; mais sorti de Telemann et autres Loeillet, il n'y a pas grand chose chez Beethoven Brahms ou Ravel pour la flûte à bec !), et on passera à un autre instrument quand on aura mangé de la soupe.
Violon : oui, en Russie, il y en a qui commencent à jouer du violon avant de savoir marcher...
Je disais au début, un instrument est un outil : donc, on peut effectivement commencer un instrument et on passera à un autre après. Si la gamine dit "je veux faire du basson", on peut lui dire "tu commences par la flûte à bec, et dans quelques années tu passeras au basson".
Commencer par le piano ou le violon (voire le violoncelle), ça permet d'y rester par la suite.
Commencer par la flûte traversière, le saxo, la guitare, le danger, c'est qu'on risque d'y rester, et de regretter de ne pas avoir de "vrai" répertoire et la possibilité de jouer avec d'autres des oeuvres motivantes.
Au fait, tu n'as pas dit quel âge a ta fille. Puce, elle doit être encore petite, je suppose.
Pour Angie et d'autres : souvent malheureusement, la première année de "découverte" où l'on fait du solfège mais où l'on ne joue pas (sauf à taper sur un tambourin), a pour effet de sélectionner ceux que ça n'a pas dégoûté.
La France est le seul pays à accorder autant de place au solfège, comme si ce dernier était un but en soi. Dans les autres pays, on apprend le solfège en fonction des besoins.
J'en sais quelque chose, j'ai fait du solfège à hautes doses, on nous transformait en singes savants en nous faisant faire à 11 ans du déchiffrage 7 clefs : acrobatie sans aucune utilité musicale, même quand on est chef d'orchestre.
En revanche, ça peut même se révéler anti-musical comme pratique.
L'apprentissage de la musique, c'est plaisir et rigueur. Plaisir sans rigueur, on n'avance pas, mais quand il n'y a pas de plaisir (du genre gavage de solfège), les enfants ne s'investissent pas, ne travaillent pas leur instrument, et c'est du gâchis.