heureusement que tu précises que la musique commence à la 7ème minute car je ne parle pas l'allemand, donc je commence à écouter et le thème d'introduction aux violoncelles me rappelle Glinka ou Rimsky-Korsakov. Alors je suis charmé et ça va de plus belle avec cette flûte au son si particulièrement suave. Les instruments rythmiques viennent animer l'orchestre et puis le temps passe, puis le deuxième mouvement reprend finalement l'idée de cette animation mouvementée.
Peut-être en brisant d'avantage le temps
Au troisième mouvement rythme soutenu, rappelant le langoureux thème du début. La flûte apparaît de nouveau, rafraîchissant de son timbre exotique cette marche épique que les instruments les plus graves marquent à chaque temps. Puis les sons déchirants des vents accompagnent la flûte qui semble abandonnée dans un flou sonore qui s'épuise.
Au quatrième mouvement, une flûte traversière entame un thème rebondissant, haletant, dont se dégage une rupture avec le mouvement précédent. L'orchestre répond avec les cordes, rappelant une valse viennoise, qui s'entrecoupe d'un folklore harmonieux joué aux instruments traditionnels.
Le cinquième mouvement est particulièrement beau, l'harmonie est simple mais maniée d'une intelligence incroyable, honnêtement cela m'a rappelé "bridge of ligth" de Keith Jarrett. Mélancolique, sans être triste, ajoutant la délicatesse des flûtes créant la féerie, la clarté dans l'harmonie, la lumière en fait. La tabla succède comme une harpe celtique, elle procède à un solo, une solitude que seul les sages auront le coeur apaisé. Le folklore repart de plus belle à la suite de ce magnifique solo, puis les cuivres ponctuent les phrases musicales. La tabla, cette fois-ci répond à l'orchestre et sublime un contre-chant aux différents bois. La musique se stratifie, s'organise, les rythmes s'intensifie puis on assiste à un jeu musical alternant le caractère rythmé et le caractère mélodieux.
Des coups portés par les cuivres ressuscitent le son de la flûte exotique soutenue par des accords joués aux cordes. Le dialogue des instruments expulse un langage mélodique intense et passionné que , depuis le début le compositeur cherche à faire ressortir. La mélancolie dominante semble s'extraire d'un désert chaotique, alors qu'on entend à nouveau le roulis tranquille des vagues finissant leur course sur une plage, sans doute à Istanbul.
J'ai beaucoup aimé cette symphonie. Moderne, éclatante, j'ai ressenti du bonheur comme de la souffrance, musique dont la richesse ne m'étonne pas, du fait que ce soit cet immense pianiste Fazil Say.